Les sites
patrimoniaux et culturels sont particulièrement concernés par le phénomène.
La frénésie qui
accompagne la réalisation de ces autoportraits réalisés à l’aide d’un
smartphone et postés ensuite sur les réseaux sociaux participe à la visibilité et
à la promotion du musée et des collections sur Internet et sur les réseaux
sociaux, mais elle n’est pas sans poser de questions aux gestionnaires des
musées.
En effet, cette pratique (et notamment celle liée à l’usage de la perche) est accompagnée
d’une prise de risque ; la surenchère à l’originalité fait parfois littéralement
« perdre pied ». On se distrait du monde réel, on recule, et outre le
risque d’endommager les œuvres ou les objets exposés, le risque d’inconfort
pour les autres visiteurs est réel.
La solution
intelligente c’est celle proposée par le BelvedereMuseum de Vienne où les selfies sont interdits dans les salles d’exposition.
Avant d’entamer le parcours de visites, vous êtes invités utiliser le Selfy Point pour réaliser votre selfy
devant la reproduction d’une des plus célèbres toiles du musée (Le Baiser de
Klimt). Dans les jardins du Palais du Belvédère, également un miroir permet aux
visiteurs de réaliser un selfy très original.
C’est là une
bonne formule pour signifier que le musée tient compte de l’évolutions des
attentes de ses visiteurs tout en préservant la sécurité des œuvres et le
confort de tous les visiteurs.
Les perches à selfies
Les perches à
selfies fleurissent un peu partout. Elles ont fait leur apparition il y a
environ trois ans. La tendance s’accentue, jusqu’à ce qu’en jour sûrement que
l’effet de mode cesse et qu’elles soient remplacées par d’autres gadgets.
Elles sont très
prisées car elles évitent les problèmes de déformation d’images qui se
produisent quand on prend un selfy
avec son smartphone au bout de bras.
Elles sont
aujourd’hui interdites dans la plupart des musées.
Le selfy, un phénomène de société
Le selfy est un moyen de communication avec
les autres, une communauté, les amis, la famille.
Cette pratique populaire,
à portée de tous, n’est pas forcément guidé par une recherche d’ordre
esthétique.
Il s’agit de de témoigner
de sa propre existence (dans des moments d’exception ou des moments ordinaires).
Pour Catherine Lejealle (sociologue
et ingénieur en télécom, spécialiste du digital et des nouvelles technologies,
auteur de J'arrête d'être hyper connecté aux
ed. Eyrolles), la pratique effrénée du selfy
manifeste une fragilité identitaire. C’est une façon de dompter l’angoisse qui
caractérisent les existences aujourd’hui marquées par le doute de l’existence
et « de la capacité d’assimilation de cette existence « (impression
d’éparpillement de l’existence) ; besoin de montrer que l’on est vivant et d’exister
dans le regard des autres.
La production
effrénée des selfies contribue à donner l’impression d’une vie intense, même si
plus les selfies se multiplient, moins
on a mathématiquement de temps pour les regarder.
Le phénomène du selfy peut être perçu comme un moyen de recherche
d’estime de soi (on est attentif, une fois la photo postée au nombre de like et aux commentaires). C’est aussi pour
certains utilisateurs une façon de se réapproprier son corps.
Si le selfy peut être un moyen de renforcer le
lien social, dans un usage effréné, et dans un mouvement où la mise en scène
virtuelle prend de plus en plus de place par rapport à la vie réelle, son
utilisation est susceptible d’exacerber l’égocentrisme et le narcissisme (la perche
à selfy est qualifiée par Alexandre
Lacroix, philosophe et directeur de la rédaction de Philosophie Magazine) de prothèse narcissique) et par conséquent,
d’affaiblir paradoxalement aussi le lien social réel.
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